Três poemas de Maurice Carême
À force d’aimer
À force d’aimer
Les fleurs, les arbres, les oiseaux,
À force d’aimer
Les sources, les vals, les coteaux,
À force d’aimer
Les trains, les avions, les bateaux,
À force d’aimer
Les enfants, leurs dés, leurs cerceaux,
À force d’aimer
Les filles penchées aux rideaux,
À force d’aimer
Les hommes, leur rage de ciel,
À force d’aimer
Il devint, un jour, éternel
De tanto amar
De tanto amar
As flores, as árvores, aves,
De tanto amar
As fontes, os montes, os vales,
De tanto amar
Os trens, os navios e aeronaves,
De tanto amar
A infância, o brinquedo infantil,
De tanto amar
As mocinhas ao peitoril,
De tanto amar
Os homens em ânsia celeste,
De tanto amar
De eternidade enfim se investe.
L’artiste
Il voulut peindre une rivière ;
Elle coula hors du tableau.
Il peignit une pie-grièche ;
Elle s’envola aussitôt.
Il dessina une dorade ;
D’un bond, elle brisa le cadre.
Il peignit ensuite une étoile ;
Elle mit le feu à la toile.
Alors, il peignit une porte
Au milieu même du tableau.
Elle s’ouvrit sur d’autres portes,
Et il entra dans le château.
O pintor
O pintor pintou um riacho,
Ele transborda tela abaixo.
Ele desenha uma andorinha,
Ela alça vôo ligeirinha.
Pinta a seguir uma dourada,
Pr’além da moldura ela nada.
Esboçou então uma estrela,
Ela incendeia toda a tela.
Pintou, finalmente, uma porta
No centro da composição.
Ela franqueia novas portas,
E ele adentra o casarão.
La peine
On vendit le chien, et la chaîne,
Et la vache, et le vieux buffet,
Mais on ne vendit pas la peine
Des paysans que l’on chassait.
Elle resta là, accroupie
Au seuil de la maison déserte,
A regarder voler les pies
Au-dessus de l’étable ouverte.
Puis, prenant peu à peu conscience
De sa forme et de son pouvoir,
Elle tira d’un vieux miroir
Qui avait connu leur présence,
Le reflet des meubles anciens,
Et du balancier, et du feu,
Et de la nappe à carreaux bleus
Où riait encore un gros pain.
Et depuis, on la voit parfois,
Quand la lune est dolente et lasse,
Chercher à mettre des embrasses
Aux petits rideaux d’autrefois.
A tristeza
Vendemos o cão e a coleira,
A vaca e a velha cristaleira,
Mas a tristeza não vendemos
Dos camponeses que corremos.
Ficou ali, acocorada
À porta da casa vazia,
As pegas vendo em revoada
Por sobre a antiga estrebaria.
Depois, recobrando consciência
De seu poder e sua aparência,
Pôde extrair do espelho usado,
Que os conhecera no passado,
Os móveis que ali houve outrora,
O relógio marcando as horas,
O fogo, a toalha azul de mesa,
Sobre ela, um pão ria à tristeza.
E quando o luar deixa escorrer
Dores cansadas, cristalinas,
Vê-se que tenta inda meter
As braçadeiras nas cortinas.